Un mois après notre arrivée à Khulna, le Bangladesh commence, doucement, à nous être familier. Voici ce qu’il nous inspire, en désordre, et comme on le ressent !
Ce qui nous vient tout de suite à l’esprit, ce sont les rickshaws à n’en plus finir, vieilles calèches aux couleurs passées qui se bousculent un peu partout. On voit aussi ces hommes à la barbe orange, teintée de henné, qui réajustent leur « lungi » (sarong). On entend les hauts parleurs des minarets qui chantent plusieurs fois par jour. On songe aux larges rivières que les Bangladais traversent en bateau à moteur pour rallier un village à un autre...Tels sont les petits fragments de Bangladesh qui surgissent, en vrac, quand on cherche à le définir.
Avant d’arriver, on se disait tous les deux : « ça doit être un peu comme l’Inde ». C’est un peu comme l’Inde, c’est vrai, mais juste un peu. La musique, le cricket, les séries télés romantico-dramatiques, la peau brune des gens et les sarees colorés des femmes ne se soucient pas des 4000 kilomètres de frontière entre les deux pays. Mais tout le reste est différent. La vie est plus calme, moins touffue et moins folle que chez le puissant voisin. Les tuk-tuk sont électriques, et ne pétaradent pas en un concert assommant de moteurs fumants à chaque feu rouge. La nuit, on n’entend que le sifflement léger des roues de vélos, ponctués de quelques coups de klaxons.
Ici on parle bangla, on joue des tablas et de l’harmonium, et on s’intéresse de très, très près aux étrangers de passage. On s’est habitué à ce que tout le monde décortique nos moindres faits et gestes. Qu’on soit en train de manger avec les mains, comme le font tous les bangladais, d’acheter du lait au shop du coin, ou de se balader sans but dans les rues de Khulna, toutes nos activités font la curiosité des habitants! On ne compte plus les attroupements massifs que notre présence suscite, ni les « wich country ? » qui fusent, et leurs inombrables variantes, dont le fameux « what’s your country from ? ». Inlassablement posée par tous ceux qu’on rencontre, du gamin des rues au politique local, cette éternelle question nous laisse perplexes! Surtout quand nos interlocuteurs nous filent entre les mains, une fois leur curiosité satisfaite, ou qu’ils s’élancent à moto avant qu’on ait eu le temps de leur répondre...
C’est que le Bangladesh est vraiment loin d’être touristique. Pas un blanc dans les parages, ni d'enseignes étrangères. Pas de Mac Do à Khulna, ni de KFC, et encore moins de Nike store. On dirait presque que la ville a réussi le pari de conserver son authenticité, loin des standards occidentaux. Les gens qu’on croise sont simples et beaux, et toujours prêts à nous ouvrir les portes de leur maison, pour un lait de coco ou un bout de discussion. Au gré des rencontres et des circonstances, on oscille entre découverte du «gratin local», et passages éclairs dans l’univers de familles défavorisées, qui vivent à 5 dans quelques mètres carrés.
Ce qui marque également au Bangladesh, c’est ce fort sentiment d’appartenance nationale qui prédomine dans les discours. Lors des matchs de cricket et des fêtes nationales, les « Joy Bangla!» («Vive le Bangladesh!») sortent de toutes les bouches avec une intensité remarquable. Les célébrations du Victory Day, qui ont lieu chaque année le 16 décembre, marquent avec force la fin de la 3e guerre indo-pakistanaise de 1971, et la naissance de l’Etat indépendant du Bangladesh. C'est l'occasion pour la nation de rendre un hommage émouvant aux Freedom fighters, qui ont libéré leur pays. On se sent si petit devant la ferveur patriotique qui émane de ce rassemblement, qu'on ne peut qu'être persuadé d'une chose : les Bangladais sont fiers d’êtres Bangladais, et ils le portent bien !
L’odeur du poisson frais sur les étals du marché d’en face, les danses en rouge et vert, aux couleurs du pays, le vent frais du soir sur les palmiers, les champs de riz luisants sous le soleil de midi, … Ce pays nous a conquis ! Baladez-vous en photos, au gré de nos rencontres, et de nos découvertes !